REVENDICATIONS DES PRIMES AU CAMEROUN

Publié le 12/10/2015 à 12:56 par efulameyong Tags : vie roman société travail nature éléments pouvoir
REVENDICATIONS DES PRIMES AU CAMEROUN

 

 REVENDICATIONS DES PRIMES AU CAMEROUN : ENTRE CHANTAGE REPUBLICAIN ET PATRIOTISME CAPITALISTE

Décidément rendre service à son pays ou au nom de la Nation ne fait plus bon ménage avec l’argent au Cameroun. Sommes-nous à l’ère du patriotisme capitaliste ou du chantage républicain ?

Après les lions indomptables en partance pour leur mondial foireux au Brésil en 2014, les lionnes du football de retour de leur épopée canadienne en 2015, ce sont les éléments du contingent camerounais de laMission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (Minusca) qui viennent de faire une démonstration de force à Yaoundé siège des institutions de la République.

A la différence des lions indomptables, les lionnes et les militaires ont revendiqué après service rendu. Il ne se passe aucun jour sans qu’une revendication de primes ne fasse l’objet des choux gras dans la presse et n’envahisse la place publique. Dire s’il y a une crise de confiance généralisée entre ceux qui gouvernent et ceux qui rendent service au nom de la Nation. A chaque fois c’est toujours le Président de la République et Chef suprême des armées qui devient le détenteur de la clé de voûte que chaque frustré ou désemparé invoque pour solutionner son problème. A quoi servent donc les membres du gouvernement et assimilés si le Président devient président sur tout, en tout et responsable sur tout ? Il faut refaire le casting à défaut de castrer les incompétents ou impertinents.

Supercherie républicaine

Cette situation malheureuse laisse tout au moins transparaître la théorie du complot scientifique qui serait à l’origine de cet engouement vers ce chantage récurrent. Le pire dans toutes ces affaires est que la solution se fait en espèces sonnantes et trébuchantes transmises en monnaie de tontine. Sans qu’il n’y ait une quelconque rétention pour le fisc. Une véritable supercherie qui s’enracine dans les arcanes du pouvoir à Yaoundé.

Au Cameroun, un constat se dégage, il faut être du football ou des forces de défense et de sécurité pour qu’une solution prompte soit trouvée aux problèmes quel qu’ils soient. Ceci au détriment de ces personnels de santé, d’éducation et ex-employés des défuntes sociétés d’Etat qui continuent de crever au vue et au su du gouvernement. Ce dernier renvoyant toujours tout ou presque aux calendres grecs.La politique de deux poids deux mesures devenue une règle au Cameroun ne fait qu’accroître les frustrations même si priorité gouvernementale ne voudrait pas dire minimiser la majorité de la population.

Il n’est point question de revenir à l’Etat providence mais à une République soucieuse de tous et disponible pour tous. Certes, l’argent c’est le nerf de la guerre, mais il y a des guerres que l’on ne gagne  uniquement avec de l’argent. Comme celles contre la pauvreté, la misère, et le sous-développement qui nécessitent l’équité et l’égalité dans la répartition des ressources disponibles soit grâce à dame nature ou par le travail fruit des efforts de tous.

 

Main basse sur le pays

La grande muette est devenue toute puissante au Cameroun depuis le coup d’état manqué de 1984. Car à en croire le porte-parole du gouvernement camerounais, l’armée est le bras séculier de la démocratie au pays de Mongo Beti. Raison de plus pour cautionner l’obésité du train de vie des hommes en treillis qui se croient tout permis jusqu’à bafouer le serment qui encadre leurs fonctions et statuts respectifs. Il faut bien qu’après avoir perçu des centimes additionnels du contribuable camerounaisque la hiérarchie militaire sanctionne. Si le Président de la République Paul Biya veut être retenu comme l’apôtre de la démocratie, de la paix et de la prospérité au Cameroun. Il est urgent de faire valoir l’intransigeance et la justice militaire. Rien n’est opportun ni républicain de dorloter la grande muette par peur de perdre le pouvoir. Au contraire cela rend vulnérable n’importe quel système politique qui se targue être démocratique. Le théâtre révoltant des militaires dans les rues de Yaoundé démontre irrévocablement que le pays marche déjà sur la tête.

La preuve que le Cameroun est une « Démocrature » en puissance c’est l’interdiction à Yaoundé des activités marquant la journée mondiale de la Démocratie. Journalistes, syndicalistes et autres acteurs de la société civile sont molestés par des policiers dont le zèle fait feu de toute action citoyenne voir républicaine. La force des armes pour mâter toute expression des libertés conforte l’opinion sur le fait que l’armée peut à tout moment s’imposer et c’est elle qui dicte la loi car bafouant elle-même ses propres règles. Le pouvoir, l’argent et l’armée trônent pendant que les populations sont priées de retrousser leurs manches. Que de pas de géants pour sortir du bout du tunnel.

Gerry EBA’A

Journaliste politique