Enquête:Effet de style, effet de fraude

Publié le 26/06/2011 à 11:41 par efulameyong
Câblodistribution-Télévisions locales Effet de style, effet de fraude La floraison des nouvelles chaînes de télévisions sur nos petits écrans pose un problème d’éthique et du respect de l’orthodoxie administrative en matière de communication sociale. L’insertion dans le câble des chaînes Tv illégales, propage un « no limit » défavorable aux télévisions officiellement reconnues. Un phénomène dont les satellites sont plus moins connus. Mbalmayo, « ville cruelle », est sortie du carcan de l’obscurité médiatique. Comptant sur la seule Radio Femme en matière de radiodiffusion, les câblo- opérateurs de Vimly (ancienne appellation de Mbalmayo) diffusent depuis peu trois supports de télévision à savoir : Canal 5, TVCA, Vimly TV. Une nouveauté qui se greffe à la frénésie que l’on observe dans la ville de Yaoundé. La plupart de ces chaînes de télévision n’ont pas de siège, ni d’équipement technique, ni même de personnel professionnel. Au-delà de la satisfaction qu’ont les populations de Mbalmayo de se voir et se vivre à travers leurs petits écrans, c’est par le biais d’une mafia qu’entretiennent les câblodistributeurs sous l’influence soient de certaines forces tapies dans l’ombre, soient des lobbies religieux en effervescence. Cette mafia profite non seulement à ces facilitateurs mais aussi aux instigateurs, ceci au mépris de la loi et au détriment des structures légales qui voient leurs parts de marché se faufiler entre les mains des imposteurs. Dans nos quartiers, on voit les salons de nos voisins devenir des églises. En dehors des bruits qu’attisent ces chapelles religieuses, leur politique d’appât s’étend dans la logique de la télédiffusion. Ainsi au nom de Dieu, chacun crée sa part de TV: Jesus, Gospel, Divine, Elshadaï, Gloire etc. La quasi-totalité des chaînes sus évoquées ne sont pas reconnues par les autorités administratives compétentes en matière de création et de gestion des entreprises audiovisuelles. Au Cameroun, de source officielle, il existe à peine une quinzaine de télévisions. D’où et de qui viennent alors cette pléthore de télévisions banales, et à qui verse-t-on la note de cette imposture ? L’occupation illégale de l’espace audiovisuel est une violation de la loi du 19 décembre 1990 sur la communication sociale. A ce titre, le Deal crée un manque à gagner aux entreprises de télédiffusion qui paient les taxes à l’Etat. L’exemple patent est celui de la diffusion de la série télévisée « El Diablo » piratée à Yaoundé par un câblodistributeur. Une série achetée et diffusée par Canal 2 internationale. Cette chaîne étant un partenaire de ce câblodistributeur comme toutes les autres chaînes nationales. Situation idem pour la série « La Fille du jardinier » diffusée par la Cameroon Radio and Television (CRTV). Et lorsqu’on connaît le déploiement financier qu’il faut engager pour acquérir les droits de diffusion des séries télévisées. Sachant aussi que les chaînes signent des contrats de publicité avec des sponsors sur l’exclusivité nationale de ces séries, cette mafia s’érige en une forme de piraterie qui gangrène l’univers culturel camerounais. Il y a ainsi urgence de stopper le phénomène avant qu’il s’enracine. Semblablement, l’artiste qui se voit piraté, perd en termes de droits d’auteurs mais, gagne en notoriété, évoquent certains pirates des œuvres musicales et cinématographiques. Les câblodistributeurs ont également actionné dans leur sale besogne avec la complicité de certaines entreprises et structures privées, un circuit publicitaire qui esquive les voies légales. Durant notre enquête, nous avons assisté à une scène où un câbleur réclamait le paiement d’une quittance à un chef de famille. Ce dernier lui a rétorqué en disant que, « c’est quel genre de câble que je dois payer alors que vous l’avez rempli avec des God…god… ». Faisant ainsi allusion aux chaînes qui ont pour ligne éditoriale l’Evangile. Amateurisme A Mbalmayo comme à Yaoundé, l’insertion des chaînes illégales dans le câble, obéit à un circuit évoluant en chaîne. Ainsi pour faire leur capture d’images, certains adeptes de cette pratique utilisent parfois leurs téléphones portables ou des cameras un peu trop amateurs. Nous a confié un promoteur à Mbalmayo, après avoir capturé les images, ils les montent visiblement avec des logiciels amateurs comme Windows moovie maker. Après le montage, la suite concerne la gravure du fichier qu’on duplique plusieurs fois. Ensuite le DVD est remis au câbleur qui crée une piste avec des habillages d’antenne et commence la diffusion. Les ménages peuvent donc recevoir ces images chez eux. La majorité des produits diffusés sont des clips musicaux issus des DVD piratés, des Sitcoms produits par des camerounais et des ivoiriens, les films occidentaux. Certains résidants de Yaoundé nous ont révélé que c’est un phénomène qui les agace et ils ont l’impression d’être dans la cour du « roi Tchiroma ». Car selon eux, les autorités laissent perdurer une situation qui paralyse les médias qui se plient aux exigences légales. « C’est une saturation de nos petits écrans où n’importe qui crée et diffuse n’importe quoi au mépris de l’éthique et de la morale », s’exclamait un journaliste rencontré en couverture dans la ville de Mbalmayo. L’autre interrogation durant cette démarche, c’est qu’à Mbalmayo ces pseudo télévisions couvrent jusqu’aux manifestations publiques. La qualité du rendu de ces couvertures sur l’antenne laisse à désirer. La délégation départementale du Ministère de la communication du Nyong et So’o n’a pas voulu répondre à nos questions. Serait-ce par complicité ? En plus, les promoteurs desdites télévisions sont dans la plupart inconnus ou se cachent sous des pseudos. Il est clair que l’insertion des chaînes de télévisions illégales dans le bouquet câble traduit une arrogance de la part des câblodistributeurs vis-à-vis de la réglementation en vigueur. Cette mafia ruine les opérateurs qui ont choisis la voie de la légalité. L’ultime mesure serait pour les autorités de faire cesser ce « holdup » multidimensionnel et de mettre sur pied des instruments d’autorégulation afin de protéger l’espace audiovisuel. Que chacun se mette devant ses responsabilités. Gerry EBA’A Journaliste Ce sont les chaînes de télévision dont la légalité est douteuse MBALMAYO Vimly TV Canal 5 TVCA YAOUNDE Câble TV Leader TBC Jesus TV Gospel TV ELSHADDAI Christ TV Gloire Divine